Au sein de l’Unité Intersectorielle de Sociothérapie (UIS), trois patients modèlent l’argile que leur a confiée Laurent Dupont, aide-soignant, et Régine Menis, infirmière de secteur psychiatrique. Vêtus d’un grand tablier bleu, ils façonnent un vase, une belle rose ouverte ou un papillon. « Le printemps approchant, nous préparons toute sorte de pièces pour décorer le jardin », explique Laurent Dupont en aidant une patiente à tremper son vase dans l’émail pour le rendre brillant.
Cet atelier poterie a été relancé le 2 novembre dernier dans le cadre du groupe Travaux manuels. « Il existait il y a une dizaine d’années au sein de l’UIS mais il a fermé faute de personnel formé », se souvient Corinne Digot, cadre de santé. C’est en découvrant un four de potier inutilisé dans un service rémois que l’idée d’ouvrir à nouveau un tel atelier lui vient à l’esprit. Elle en parle à l’équipe de l’UIS qui est séduite. Une formation en poterie et céramique est aussitôt mise en place avec la potière Gabriela Gantuz qui tient l’atelier La Matière céramique à Courtisols, près de Châlons-en-Champagne. Régine Menis, infirmière, Laurent Dupont, Ludovic Salon, Marie-Christine Ancelin, aides-soignants, et Bruno Étienne, agent de maîtrise, sont formés en mai et juin 2023 sur six demi-journées.
« Ça me libère l’esprit »
Deux séances sont désormais proposées chaque semaine et ce, tout au long de l’année : le lundi, de 14 h 30 à 16 h 30 ; et le mardi, de 13 h 30 à 16 heures. L’atelier poterie accueille 5 patients maximum, sur prescription médicale comme pour les autres activités de ce service intersectoriel. « Les professionnels orientent les productions en fonction des capacités de chaque personne accueillie », précise la cadre de santé. Lors des six premières séances, l’équipe a pu bénéficier de l’appui de Gabriela Gantuz. Avec les patients, elle a réalisé de jolies décorations de Noël. « La plupart des pièces que nous avons fabriquées ont été vendues sur le marché de Noël », lance avec fierté Régine Menis. Seules quelques étoiles émaillées à suspendre sur le sapin trônent sur une étagère, à côté de plateau à cake, cendriers, tasses...
Trois mois après la mise en place de cet atelier, l’équipe voit déjà certains patients progresser. « Certains d’entre eux avaient du mal à rester en place. Le travail de la terre les contenant, ils arrivent à rester concentrés pendant 1 h 30 », observe Corinne Digot. « En poterie, on casse beaucoup. Mais tant que la pièce n’est pas cuite, on peut recommencer, ajoute Laurent Dupont. Cela permet de travailler l’acceptation de l’échec, de la frustration. C’est important. »
Olivier, 54 ans, suit l’atelier poterie depuis son lancement. « Ça passe le temps, ça me libère l’esprit », confie-t-il, le sourire aux lèvres, tout en peaufinant la rose qu’il a créée. « Moi, j’aime le toucher, la texture de l’argile », déclare Audrey, 32 ans, qui montre le vase, le cendrier et la soucoupe pour pot de fleurs qu’elle a déjà réalisés. Axel, 23 ans, aime, quant à lui, l’aspect créatif. « Cet atelier permet de se lancer dans quelque chose qui nécessite un peu de réflexion et puis, il y a dans la poterie, certaines techniques à utiliser ».
L’équipe de l’UIS proposera à la vente ces objets décoratifs pour le jardin lors de la vente de plants. Elle a d’ores et déjà une nouvelle idée : réaliser avec les patients un village de Noël en céramique qui serait exposé en fin d’année dans le chalet.